Trente-sept

Son sommeil était agité. Elle remua, se retourna et mit son bras sur le dos de Michael en se collant contre son corps chaud. L’air conditionné était presque aussi agréable que la brise du golfe de Floride. Soudain, elle sentit quelque chose dans sa nuque et ses cheveux. Elle fit un geste pour libérer ses cheveux. Elle sentit quelque chose de froid sur sa poitrine. Cette sensation lui déplaisait.

Elle se mit sur le dos, rêvant à moitié qu’elle se trouvait dans la salle d’opération et qu’elle avait une tâche très délicate à accomplir. Il lui fallait imaginer clairement ce qu’elle voulait faire, laisser son esprit guider ses mains, ordonner au sang de ne pas couler, commander aux tissus de se ressouder. Le corps de l’homme devant elle était ouvert de l’entrejambe au sommet de la tête. Ses minuscules organes étaient à découvert, frémissants, rouges, bien trop petits par rapport à la taille du corps, et attendant visiblement qu’elle les fasse grandir.

— C’est trop, je ne peux pas faire ça, dit-elle. Je suis neurochirurgien, pas sorcière !

Elle distinguait chaque vaisseau des jambes et des bras, comme si le corps était un de ces écorchés en plastique parcourus de veines rouges servant à apprendre aux enfants les mécanismes de la circulation sanguine. Les pieds remuaient. Eux aussi étaient trop petits. L’homme les tortillait comme pour les faire grandir. Son visage était totalement inexpressif mais il la regardait.

Un nouveau tiraillement dans ses cheveux. Elle fit un geste et, cette fois, attrapa quelque chose entre ses doigts. Une chaîne ? Elle ne voulait pas perdre le fil de son rêve. Elle savait maintenant que c’était un rêve mais voulait absolument savoir ce qu’il allait advenir de cet homme et comment l’opération allait se terminer.

— Docteur Mayfair, posez votre scalpel, dit Lemle. Vous n’en avez plus besoin.

— Non, docteur Mayfair dit Lark, il ne vous sert à rien.

Ils avaient raison. La petite lame d’acier n’était d’aucune utilité dans un pareil cas. Il ne s’agissait pas de couper mais de construire. Elle observait la longue plaie ouverte, les organes souples remuant comme des plantes, comme le monstrueux iris du jardin. A mesure qu’elle guidait les cellules, son esprit cherchait les explications qu’elle devait donner aux jeunes médecins pour qu’ils comprennent bien ce qu’elle faisait.

— Le nombre des cellules est suffisant, vous voyez. Elles existent en profusion. Ce qu’il faut, c’est leur fournir un ADN supérieur, pour ainsi dire, une espèce de stimulant nouveau pour former des organes d’une taille adéquate.

Ainsi fut fait et la plaie se referma sur les organes, qui avaient atteint une taille normale. L’homme tourna la tête. Ses yeux s’ouvraient et se fermaient comme ceux d’une poupée.

Des applaudissements éclatèrent de tous côtés. Elle leva les yeux et fut étonnée de ne voir que des Hollandais. Elle était à Leiden, coiffée d’un grand chapeau noir et vêtue d’une longue tunique à grandes manches. C’était un tableau de Rembrandt, bien sûr, La Leçon d’anatomie. Voilà pourquoi le corps était si net. Mais cela n’expliquait pas pourquoi elle en avait vu si clairement l’intérieur.

— Vous avez un don, mon enfant ! Vous êtes une sorcière, dit Lemle.

— Exact, dit Rembrandt.

Quel vieil homme délicieux ! Il était assis dans un coin, la tête penchée, ses cheveux brun-roux devenus très fins avec l’âge.

— Il ne faut pas que Petyr vous entende, dit-elle.

— Rowan, enlève l’émeraude, dit Petyr, du bout de la table d’opération. Enlève-la. Elle est autour de ton cou.

L’émeraude ?

Elle ouvrit les yeux et son rêve s’évanouit.

Très lentement, elle aperçut des objets familiers. La porte de la penderie, la table de chevet. Puis Michael, son bien-aimé, dormant à côté d’elle.

Elle sentit à nouveau l’objet froid sur sa poitrine nue et ce qui s’était pris dans ses cheveux. Elle savait ce que c’était.

— Mon Dieu !

Elle mit sa main gauche sur sa bouche, mais trop tard pour arrêter son cri. Sa main droite saisit l’objet sur son cou comme s’il s’était agi d’un insecte répugnant.

Elle s’assit et regarda la paume de sa main. Une grosse larme de sang vert. Elle avala difficilement sa salive : elle avait cassé la chaîne en or et sa main tremblait de façon incontrôlable.

Michael l’avait-il entendue crier ? Elle se pencha au-dessus de lui mais il ne bougea pas.

— Lasher ! murmura-t-elle, balayant les coins d’ombre du regard pour l’apercevoir. Tu veux vraiment que je te haïsse !

L’espace d’une seconde, le rêve redevint clair. Tous les médecins quittaient la table.

— Bravo, Rowan ! Magnifique !

— Une nouvelle ère s’ouvre devant nous, Rowan.

— C’est tout simplement un miracle, ma chère, dit Lemle.

— Jette-la, Rowan, dit Petyr.

Elle lança l’émeraude qui retomba sur le tapis dans un bruit sourd.

Elle enfouit son visage dans ses mains puis, fiévreusement, toucha son cou et sa poitrine, comme si l’objet honni avait laissé de la poussière ou de la crasse sur elle.

— Tu n’aurais pas dû faire ça. Je te hais, murmura-t-elle. C’est cela que tu veux ?

Elle eut l’impression d’entendre un soupir ou un bruissement. Au-delà de la porte du couloir, elle aperçut les rideaux du salon faiblement éclairés par la lumière de la rue. Ils remuaient légèrement. Le bruit venait probablement de là.

Les rideaux et le souffle lent de Michael. Elle se sentit stupide d’avoir jeté la pierre. Posant ses mains sur sa bouche, les genoux relevés, elle scruta l’obscurité.

— Pourquoi as-tu si peur ?

Elle se leva, enfila sa robe de chambre et sortit pieds nus dans le couloir. Michael dormait toujours.

Elle ramassa le bijou et enroula avec précaution la chaîne cassée autour de lui. Quelle stupidité d’avoir brisé un objet aussi ancien et fragile.

— Mais tu as été stupide de faire ça, Lasher, murmura-t-elle. Je ne la mettrai jamais. Pas de mon plein gré, en tout cas.

Dans un grincement de ressorts, Michael se retourna dans le lit. Avait-il murmuré quelque chose ? Son prénom peut-être ?

Elle retourna sans bruit dans la chambre et s’agenouilla pour attraper son sac dans un coin de la penderie. Elle plaça le collier dans la poche munie d’une fermeture à glissière.

Son tremblement avait cessé mais sa peur s’était transformée en colère. Elle savait qu’elle serait incapable de se rendormir.

Seule dans le salon au lever du soleil, elle pensait à tous les vieux portraits de la maison, ceux qu’elle avait passés en revue, nettoyés et préparés avant qu’ils soient accrochés, les plus vieux, ceux qu’elle était la seule de la famille à pouvoir identifier. Charlotte et ses cheveux blonds, si diaphane sous la couche de vernis qu’elle ressemblait à un fantôme. Jeanne-Louise accompagnée de son frère jumeau debout derrière elle. Marie-Claudette et ses cheveux gris, surmontée d’un petit tableau de Riverbend.

Toutes portaient l’émeraude. Il y avait eu tant de tableaux de ce bijou. Rowan ferma les yeux et s’assoupit légèrement sur le canapé de velours. Elle avait envie d’un café mais se sentait trop paresseuse pour s’en faire un. Avant l’histoire du collier, elle était en train de rêver. De quoi, déjà ? Cela avait un rapport avec l’hôpital et une opération, mais elle avait oublié. Lemle était là. Ce Lemle qu’elle haïssait de toutes ses forces…

Et Lasher…

Je t’ai percé à jour. Je connais tes trucs. Personne ne se rend bien compte à quel point tu es puissant. Tu es capable de faire pousser des feuilles sur la tige d’une rose morte. D’où tiens-tu ton beau physique quand tu apparais ? Et pourquoi ne prends-tu pas forme pour moi ? As-tu peur que je te détruise et de ne plus avoir la force de te matérialiser ?

Ne suis-je pas encore en train de rêver ? Une fleur se métamorphosant sous ses yeux… Des cellules se multipliant et se transformant…

Le rêve. Tout le monde sortait dans les couloirs, à Leiden. Vous savez ce qu’ils ont fait à Michael Servetus, dans la Genève calviniste, quand il a décrit la circulation sanguine en 1553 ? Ils l’ont brûlé sur un bûcher avec tous ses livres « hérétiques ». Attention, docteur Van Abel !

Je ne suis pas une sorcière.

Aucun d’entre nous ne l’est, bien entendu. C’est juste une question de réévaluation de notre concept des principes naturels.

Rien de naturel dans ces roses.

Et cette façon qu’a l’air de danser ici, attrapant les rideaux, les faisant bouger, remuant les papiers sur le guéridon devant elle, lui soulevant même des mèches de cheveux et la refroidissant. Rien que des trucs. Elle ne voulait plus de ce rêve. Est-ce que les patients de Leiden se lèvent toujours et s’en vont à pied après une leçon d’anatomie ?

Tu n’oses pas te montrer, n’est-ce pas ?

 

 

Elle retrouva Ryan à 10 heures et lui parla de son projet de mariage, essayant d’être le plus catégorique possible pour éviter les questions.

— Il y a une chose que j’aimerais que vous fassiez pour moi, dit-elle en sortant le collier d’émeraude de son sac. Pourriez-vous mettre ceci dans un coffre, là où personne ne pourrait y toucher ?

— Bien sûr, je peux le garder ici, au bureau. Mais, Rowan, il y a plusieurs petites choses que je dois vous expliquer. Ce testament est très ancien et vous allez devoir être patiente. Les dispositions stipulées sont originales et un peu bizarres mais néanmoins explicites. Je crains que vous ne soyez obligée de porter cette émeraude à votre mariage.

— Vous n’êtes pas sérieux ?

— Vous savez, ces petites exigences pourraient certainement être annulées par un tribunal mais, pour nous, il est indispensable de les observer à la lettre afin d’éviter toute éventualité qu’un tiers se mette dans l’idée de contester l’héritage à un point quelconque de son histoire. Or, cette fortune est si…

Et ainsi de suite. Il poursuivit sa démonstration d’une façon toute juridique. Elle avait compris. Lasher avait remporté un round. A n’en pas douter, il connaissait très bien les termes du testament. Il ne s’était pas trompé dans le choix de son cadeau de mariage.

Rowan réussit à ravaler sa colère. Elle détourna les yeux et regarda par la fenêtre du bureau sans voir le ciel chargé et le tumulte du fleuve à ses pieds.

— Cette chaîne est cassée. Je vais la faire réparer, dit Ryan.

Le lien maléfique
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